(CS4.3) Dialogue et réconciliation : exploration d’un processus technologique de (re)connexion et décolonisation

Dans un contexte postcolonial où la notion de patrimoine est souvent associée aux constructions et à l’héritage européens et occidental, plusieurs auteurs et autrices issu.e.s notamment de la justice sociale, des études autochtones et féministes soulignent les inégalités derrière cette conception. En parallèle, l’émergence de l’intelligence artificielle (IA) dans la démarche de conservation et de conciliation offre des horizons inédits d'exploration et d'innovation. Mais l’IA peut-elle contribuer à ouvrir des espaces pour des perspectives marginalisées et leur patrimoine?

Basée sur un projet de maîtrise en architecture, cette présentation explore l’utilisation de l’IA dans de la compréhension et la décolonisation du patrimoine du quartier historique de Tiohtià:ke – Moniang– Montréal. Le projet propose un dialogue exploratoire entre le chercheur, l’IA et plusieurs voix issues des Premières Nations. Ce dialogue sert de prémisse pour l’aménagement d’espace de (re)connexion et de réconciliation au niveau des rives du Saint-Laurent. Un processus exploratoire de (re)programmation a été utilisé pour (re)définir la notion de patrimoine. Cela a permis de mettre en lumière a) un patrimoine enraciné dans l’histoire pré et postcoloniale de Tiohtià:ke – Moniang – Montréal, b) une architecture s’inscrivant dans le projet de réconciliation, et c) des possibilités de revitalisation des bandes riveraines jamais explorées.

La présentation explore les stratégies employées par le processus méthodologique de la recherche. Celui-ci consiste en l’établissement d’un corpus d’une quinzaine de textes issus des Premières Nations, mêlant fiction (5), recherche académique (8) et textes historiques (2). Ce corpus a été utilisé comme jeux de données principales (data set) dans une version reprogrammée de chat GPT 3.5 et 4. Un dialogue a ensuite été initié avec le robot conversationnel lors de 4 séances de question/réponse. Cette étape a permis de faire ressortir des valeurs, des émotions et des connaissances se voulant inspirées des principes, protocoles et pratiques autochtones.

Sans remplacer l’apport de membre de ces communautés, cela a permis de construire un corpus de moments ayant une valeur culturelle particulière faisant évoluer la perception de ce qui correspond à des éléments patrimoniaux. Ces notions furent ensuite utilisées comme déclencheur pour engager un dialogue avec l’IA créative Mid-Journey. Ce qui a permis de générer des références visuelles facilitant l’établissement d’une réflexion pouvant produire une architecture (re)connectant les communautés autochtones et allochtones, le site et la ville.

En bref, la présentation portera sur a) le contexte ayant mené à l’élaboration du projet de maîtrise; b) la méthodologie déployée pour (re)programmer les biais de l’IA en faveur de communautés marginalisées; c) l’analyse des conclusions du projet. Ancrée dans une démarche exploratoire, cette présentation vise à ouvrir un dialogue autour de l’utilisation de l’IA axée sur la (re)connexion au territoire et la décolonisation de l’architecture.