Fondée en 1883 par des hommes d’affaires canadiens-français à l’écart de la grande métropole, la nouvelle cité industrielle de Maisonneuve prospère rapidement et son aménagement selon les principes du mouvement City Beautiful prend forme en quelques décennies. Toutefois, avec la venue de la Première Guerre mondiale, l’aventure se termine et la cité se voit annexée à la Ville de Montréal en 1918. L’hôtel de ville, bâti entre 1910 et 1912, répond aux ambitions des fondateurs de la cité par sa nature monumentale et son style néo-classique. Suite à l’annexion, le bâtiment entame une série de changement d’usages. D’hôtel de ville, il devient l’Institut du radium, dirigé par un des pionniers du traitement du cancer au Québec. Dans les années 1960 et 1970, le bâtiment est occupé par des bureaux administratifs de la Ville de Montréal. Aux alentours des années 1980, il prend sa vocation actuelle de bibliothèque municipale et le bâtiment subit des transformations majeures pour accommoder le nouvel usage. Ces changements, principalement de nature et de facture fonctionnelles, en change la lecture aux niveaux des intérieurs pour plus de trois décennies. Dans les années 2010, la Ville de Montréal lance un vaste programme pour transformer son réseau de bibliothèques en des troisièmes lieux significatifs et accueillants. Les bibliothèques issues de ce programme suivent un processus de concours architectural. C’est dans cette foulée que le concours pour l’agrandissement de la bibliothèque Maisonneuve est lancé en vue de tripler la superficie existante. Le concept est élaboré en amont de l’inspection du bâtiment existant et la proposition retenue se concentre sur la mise en valeur du bâtiment au niveau de sa forme, de son implantation et de son importance dans la trame urbaine. L'agrandissement a un langage contemporain affirmé tout en étant subordonné aux grands éléments caractéristiques de l’existant. Suite au concours, le volet réhabilitation prend réellement forme. Le bâtiment étant désormais accessible pour inspection, une stratégie est élaborée pour mettre en valeur les éléments caractéristiques de plus petite échelle, en lien avec sa matérialité. En effet, un effort de documentation et d’inspection est mené entre architectes, ingénieurs, maçons, métalliers, verrier et restaurateur de finis intérieurs durant lequel de nouveaux éléments caractéristiques sont mis à jour. Face au choix de les abandonner ou de les restaurer, un dialogue est entamé avec le client et les usagers sur la portée des travaux à apporter au bâtiment lui-même. La séparation des enveloppes budgétaires entre la construction et le maintien d’actifs permet de chercher des fonds supplémentaires pour traiter ces nouveaux éléments. Le bâtiment existant est dès lors pleinement mis de l’avant dans le projet d’agrandissement et de réhabilitation de la bibliothèque Maisonneuve et permet d’en célébrer les ambitions d’origine.
Learning Objectives:
Réfléchir sur les impacts qu'apportent les transformations à apporter pour un nouveau usage
Réfléchir sur les différentes stratégies à adopter avec le client pour travailler avec le bâtiment existant
Réfléchir sur l'importance d'établir un cadre qui peut s'appliquer tout le long du projet (dans ce cas-ci, les normes et lignes directrices pour la conservation des lieux patrimoniaux au Canada)
Réfléchir à la collaboration entre tous les acteurs (clients, profesionnels, artisans, corps de métiers) le plus tôt possible dans un projet