(CS4.2) Oubli stratégique ou souvenir sélectif : Préserver le patrimoine bâti de l'asile d'aliénés de Londres par le biais d'histoires orales

En 1870, l'ancien asile d'aliénés de London a ouvert ses portes aux patients du sud de l'Ontario, au Canada. L'institution d'origine comportait de nombreuses structures, notamment d'imposants bâtiments victoriens destinés aux patients, ainsi que des granges, une boulangerie et une morgue. Aujourd'hui, les terrains de l'asile appartiennent à un promoteur et seuls quatre des bâtiments d'origine subsistent. Rien qu'au cours des trois dernières années, ils ont subi près d'une demi-douzaine d'incendies catastrophiques. Les récentes modifications apportées à la loi sur le patrimoine de l'Ontario rendent la préservation des bâtiments patrimoniaux plus difficile. Ces bâtiments sont menacés, mais à mesure que ces bâtiments d'asile disparaissent, l'histoire riche, omniprésente, mais aussi difficile, de l'institution s'estompe rapidement. Ce projet est donc parti d'une question: Comment les histoires orales peuvent-elles être utilisées pour préserver le patrimoine bâti de l'asile d'aliénés de Londres ? Cette question a donné lieu à une exposition numérique et à des entretiens oraux qui ont permis de reconstituer le patrimoine bâti de l'asile de Londres.

Mais le projet ne s'est pas arrêté là. L'enregistrement des histoires s'est poursuivi et des recherches ont été entamées sur les fondements historiographiques des histoires orales dans le cadre de la préservation du patrimoine bâti et, plus généralement, de la préservation des sites difficiles. Bien que certains historiens de l'oralité aient montré la popularité croissante et l'intégration des histoires orales dans les institutions d'histoire publique, il ne semble pas que les histoires orales soient utilisées dans la préservation des propriétés historiques.

En outre, des universitaires américains et européens ont exploré la nature difficile du réaménagement des sites des hôpitaux psychiatriques et, en retour, de la commémoration de leur histoire. Comment juxtaposer un site historiquement traumatisant à un nouveau lieu qui doit être sûr et accueillant pour un large groupe ? Comment lutter contre la possibilité réelle que les générations futures non seulement n'apprécient pas la "préservation de l'architecture et du paysage patrimoniaux", mais ne se souviennent pas non plus de "l'utilisation de l'asile pour laquelle ils ont tous deux été créés" ? (Joseph, Kearns, Moon, 152) Ainsi, avec ces idées sur les défis de la commémoration des paysages difficiles - en particulier les sites des hôpitaux psychiatriques - ce projet de recherche, incorporant le patrimoine bâti avec des histoires, agit comme un modèle potentiel pour les sites futurs - même le site de l'asile de Londres lui-même. Au moment de la rédaction de cette proposition, il y a peu de choses qui suggèrent ce que le promoteur du site de l'asile de Londres a l'intention de faire en ce qui concerne la commémoration du site - cependant, leur site Web suggère un degré important de souvenir sélectif et d'oubli stratégique dans leur publicité actuelle.

Ce projet, qui met l'accent sur les récits, les expériences et les souvenirs, peut servir de leçon sur la manière d'aborder la commémoration de sites difficiles. En mettant en avant les histoires de ceux qui ont été en contact étroit avec le site traumatique, on peut l'humaniser et en faire à la fois un document historique éducatif et un lieu ouvert à de nouvelles expériences.